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Essais

Vaut-il mieux l’obliger à remplir ce tonneau
Où des brus d’Egyptus la troupe détestée
Perd toujours sa peine & son eau ?
Non, dit Minos. Il faut le punir d’avantage.
Les tourmens d’ici ne sont rien.
Qu’il s’en retourne au monde : ouvrons-lui le passage.
Je le condamne a voir l’usage
Que l’on va faire de son bien.

J’ajouterai ici une autre fable de ma propre invention, & qui rend au même but ; & je me flatte qu’on ne me soupçonnera pas de vouloir me mettre en parallele avec le célebre la Motte. J’en ai pris l’idée dans ces deux vers de Pope[1] : Le sort de l’avare est le même que celui de l’esclave Américain. Ils sont tous deux condamnés au travail des mines : l’un déterre les trésors, l’autre les enterre.

«Un jour notre vieille mere la Terre dénonça l’Avarice devant le tribunal céleste, l’accusant d’avoir, par ses traîtres conseils,

  1. Damad to the mines an equal fato betides, The slave that digs it, and the slave that hides.