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Essais

ner que ce penchant ait sur lui un si prodigieux empire.

C’est pour la même raison que l’avarice est le plus incorrigible de tous les défauts. Depuis les tems les plus reculés jusqu’à nos jours, à peine pourra-t-on nommer un moraliste ou un philosophe qui n’ait lancé quelque trait contre les avares ; mais les exemples de ceux que leurs leçons ont corrigés sont encore bien plus rares. J’aime donc mieux ces écrivains spirituels qui exercent sur ce vice leur bonne humeur, qui en sont l’objet de leurs plaisanteries. Y ayant si peu d’espérance de guérir les avares de leur folie, il est juste au moins que nous nous divertissions à leurs dépens : & il n’y a point de divertissement qui soit si fort du goût des hommes.

Monsieur de la Motte a fait sur l’avarice une fable qui me paroît d’un tour plus naturel & moins recherché que les autres. La voici.