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Moraux et Politiques

celui de la France, où les coutumes ? les loix & la religion concourent pour rendre le peuple soumis, & même pour lui faire chérir la soumission, dans un tel gouvernement, dis-je, le monarque ne peut concevoir aucun ombrage de ses sujets, & par conséquent il n’a besoin de gêner ni leurs discours, ni leurs actions. D’un autre côté, dans un état purement républicain, en Hollande, par exemple, le magistrat n’étant jamais assez élevé en rang pour donner de la jalousie au peuple, on peut, en toute sûreté, lui confier un pouvoir très-étendu : mais si ce pouvoir est propre à maintenir l’ordre & le repos public, il contraint par-là même les actions des particuliers, & les retient dans les bornes du respect envers leurs supérieurs. C’est ainsi que les monarchies & les républiques se ressemblent dans les circonstances les plus essentielles. Dans les premieres, la suprême puissance ne se défie point du sujet : dans les dernieres le peuple n’est point jaloux de son magistrat : dans les unes & les autres, tout ombrage étant également banni, il naît une confiance récipro-