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Essais

sidere que le fanatisme naît de l’orgueil, & d’une confiance présomptueuse qui fait croire qu’on est suffisamment qualifié pour approcher de Dieu sans l’intercession d’aucun médiateur humain. Les dévotions de l’entousiaste sont si extatiques, & ses extases lui paroissent si réelles, qu’il s’imagine s’unir à l’être suprême par la voie de la contemplation & du commerce intérieur. C’est ce qui lui fait négliger toutes ces cérémonies & toutes ces pratiques pour lesquelles l’assistance des prêtres paroît si nécessaire aux yeux du dévot superstitieux. Le fanatique se consacre lui-même, & se revêt d’un saint caractere, qu’il croit bien supérieur à celui que la forme & les rites institués conferent aux autres.

Ma seconde réflexion sur ce sujet est que les sectes qui tiennent au fanatisme, sont beaucoup plus violentes & furieuses que celles qui tiennent à la superstition, mais elles deviennent aussi en peu de tems, bien plus douces & plus modérées. Leur zele & leur violence éclatent lorsqu’elles sont excitées par la nouveauté, & enflammées par