Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
Moraux et Politiques

impudence & l’adresse ait su le faire accroire aux autres. C’est à lui que le superstitieux confie ses dévotions ; c’est à ses soins qu’il recommande ses prieres & ses requêtes, & c’est par ce seul moyen qu’il espere les faire agréer à la divinité courroucée. De-là l’origine des prêtres[1], qu’on peut regarder, à juste titre, comme une des plus grossieres inventions d’une superstition basse & craintive, qui toujours défiante, & n’osant offrir elle-même ses adorations à l’être suprême, se flatte, dans ses accès de folie, d’en solliciter plus efficacement la bienveillance par la médiation de ceux qu’elle suppose ses amis & ses serviteurs.

  1. Par prêtres je n’entends que ceux qui prétendent ou au pouvoir & à la domination, ou au caractere supérieur d’une sainteté distincte de la vertu & des bonnes mœurs ; fort différens en cela des personnes établies par les loix, pour veiller à l’administration des choses sacrées, & pour maintenir l’ordre & la décence dans nos dévotions publiques. Il n’y a point d’hommes dans la société plus respectables que ces derniers.