DOUZIÈME ESSAI.
La Superstition & le Fanatisme.
C’est une maxime incontestable, que de l’abus des meilleures choses il en résulte souvent de très-mauvaises. Entre autres preuves de cette vérité, une des plus fortes est celle que l’on tire des pernicieux effets du fanatisme & de la superstition, considérés comme des abus de la vraie religion.
Ces deux especes de fausses religions, quoiqu’également funestes, sont cependant d’une nature fort différente, & même entiérement oppofée.
L’esprit de l’homme est sujet à certaines terreurs, à certaines craintes dont il ne sauroit se rendre raison à lui-même, procédantes soit du mauvais état des affaires publiques, quelquefois d’une humeur sombre & mélancolique, ou bien aussi du concours de toutes ces circonstances.
Dans cette situation l’ame redoute une infinité de maux chimériques, dont elle se