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Essais

naturel, au point qu’il ne reste que deux partis parmi nous, celui de la cour & le parti national, tous deux composés d’hommes qui, soit par intérêt, soit par principe, s’attachent à la monarchie ou à la liberté. Il faut convenir en effet que dans ces derniers tems, le nombre des Torys semble être considérablement fondu ; leur zele a encore plus diminué que leur nombre, mais ils sont sur-tout déchus en crédit & en autorité. Depuis que M. Locke a écrit, il y a peu de gens lettrés, peu de philosophes au moins, qui n’auroient honte de passer pour Torys ; & dans la plupart des compagnies, le nom de vieux Whig est devenu un titre d’honneur. Les ennemis du ministere pensent ne pouvoir faire de reproche plus sanglant aux courtisans, qu’en les nommant de vrais Torys, & ne pouvoir honorer d’avantage le parti opposé qu’en le décorant du nom de vrais Whigs. Les Torys mêmes sont obligés, depuis si long-tems, de s’exprimer dans le style républicain, qu’ils semblent s’être convertis à force d’hypocrisie, & avoir embrassé les sentimens de leurs adver-