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Moraux et Politiques

SECOND ESSAI.

La liberté de la Presse.

Rien ne cause plus d’étonnement à un étranger qui aborde dans cette isle, que cette grande liberté dont nous jouissons de communiquer tout ce que bon nous semble au public par la voie de l’impression, jusqu’à censurer ouvertement toutes les mesures que le roi & ses ministres jugent à propos de prendre. Si le ministere se décide pour la guerre, aussi-tôt nous l’accusons ou de négliger les intérêts de la nation, ou de les méconnoître : l’état présent des affaires, disons-nous, exigeoit manifestement la continuation de la paix. Si au contraire le gouvernement incline pour la paix, nos politiques ne respirent que carnage & désolation : alors les sentimens pacifiques, selon eux, ne procedent que d’une bassesse & d’une lâcheté impardonnable. Cette liberté de tout dire, qui regne parmi nous, n’étant admise sous aucun autre gouvernement, soit monarchique, soit