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Essais

comme il y en aura toujours sous le gouvernement Britannique, je veux dire qu’ils étoient amis de la liberté, mais plus attachés à la monarchie. On ne sauroit pourtant nier que dans la pratique même ils n’aient outré leurs maximes monarchiques, & que dans la théorie ils ne les aient portées à un degré qui est absolument incompatible avec notre gouvernement limité.

En second lieu, le nouvel établissement qui suivit la révolution, & les changemens qui y furent faits dans la suite, n’étoient ni conformes aux principes des Torys, ni entiérement de leur goût. Ce caractere paroîtra contredire le précédent ; car, dans la situation où l’Angleterre se trouvoit alors, il n’y avoit point d’autre constitution à imaginer qui ne fût dangereuse pour la liberté, ou plutôt qui ne lui fût funeste. Mais le cœur de l’homme n’est-il pas fait pour concilier les contradictions ? Et les Torys n’en avoient-ils pas déjà concilié une plus grande ? Je parle de celle qui est entre l’obéissance passive, & entre la résistance qu’ils avoient opposée dans la révolution.