Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
Essais

droit inviolable. Ces principes, peu connus des Cavaliers,sont devenus la doctrine universelle, & selon l’opinion commune la doctrine caractéristique des Torys. Une renonciation formelle à toutes nos libertés, & une soumission totale au pouvoir absolu, paroissent en être les conséquences immédiates. Rien en effet ne seroit plus absurde qu’un pouvoir limité, auquel cependant on n’oseroit s’opposer, lors même qu’il passe les bornes qui lui sont prescrites. Cependant si les principes les plus raisonnables ne sont souvent que de foibles barrières pour nos passions, faut-il s’étonner que des principes aussi absurdes, des principes, qui, suivant un célebre écrivain[1], choqueroient le sens-commun d’un Hottentot, ou d’un Samojede, soient obligés de plier devant elles ? Comme hommes, & plus encore comme Anglois, les Torys furent ennemis de l’oppression & du despotisme : leur zele pour la liberté pouvoit être moins ardent que celui de leurs anta-

  1. Dissertation sur les partis, L. II.