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Essais

gleterre devenoit, à peu de chose près, un état républicain. Si on ne les accordoit pas, on risquoit d’être subjugué par le despotisme. On avoit tout à craindre des anciennes maximes & des habitudes invétérées d’un prince, qui, dans les concessions mêmes que le parlement lui extorqua en faveur de son peuple, ne savoit pas les cacher. Dans un cas si délicat & si ambigu, il étoit naturel que chacun prit le parti le plus conforme à ses principes habituels. Les partisans les plus zélés de la monarchie se déclarerent pour le roi, les amateurs de la liberté pour le parlement. Comme l’espérance de succès étoit à peu près égal de part d’autre, l’intérêt n’entroit pas pour beaucoup dans le gros de ces démêlés. C’est uniquement la différence des principes qui fit naître les deux partis connus sous les noms de Tête ronde & de Cavaliers. Il ne faut pas croire que l’un de ces partis ait été entiérement républicain & l’autre entiérement royaliste : ils vouloient tous deux conserver la liberté conjointement avec la monarchie, mais les premiers étoient plus affectionnés à cette partie de