Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
Essais

se passionnent pour la liberté, & ne connoissent point de plus grand malheur que la sujettion & l’esclavage. Enfin, quoique tous les hommes raisonnables se déclarent pour le maintien de notre gouvernement mixte, ils cessent pourtant d’être du même avis, dès qu’on en vient à des détails. Les uns voudroient donner plus de pouvoir à la couronne ; ils voudroient rendre son influence plus efficace ; ils appréhendent moins de lui voir empiéter sur les prérogatives de la nation, tandis que l’apparence la plus éloignée de tyrannie & de despotisme, cause aux autres les allarmes les plus vives.

On peut voir par-là que cette espece de factions, que nous avons nommées factions par principe, est inséparable de la nature même de notre constitution. Les noms de parti de la cour[1] & de parti national,

  1. Ces expressions étant autorisées par l’usage, je les employerai, mais sans intention d’approuver ni de blâmer universellement les partis qu’ils désignent. Il se peut sans doute que dans certaines occasions le parti de la cour agisse pour le bien de pays, tandis que le parti national s’y oppose. Les