à leurs sectateurs, que l’on doit attribuer les persécutions que le christianisme a souffert. Lorsqu’il devint la religion dominante, ces dispositions, subsitant encore, engendrerent à leur tour l’esprit de persécution, qui depuis ce tems n’a jamais cessé d’empester la société humaine ; c’est lui qui a fait naître ces haines invétérées, & ces factions irréconciliables dont nous voyons tous les gouvernemens infectés. Il faut donc distinguer par rapport à l’origine de ces factions. On peut dire à juste titre que le peuple les adopte
mœurs de Rome, ne s’étoient déjà auparavant désaccoutumés
de leurs vieux préjugés. Suet, in vitâ Claudii.
Si Pline attribue l’abolition de cette secte à Tibere, c’est
vraisemblablement parce que cet empereur avoit pris des mesures
pour la borner & la restreindre. Lib 30, cap. I. Cet
exemple peut nous montrer avec combien de modération &
de prudence les Romains procédoient dans ces sortes d’occurences.
Si l’on y compare la maniere cruelle & sanglante
dont ils en ont usé avec les Chrétiens, on peut soupçonner
que ces derniers ont donné en partie occasion aux fureurs que
l’on a exercées contre eux par un zele inconsidéré, & par la
bigoterie des prédicateurs de leur secte ; & l’histoire
ecclésiastique soutient des faits propres à confirmer ce
soupçon.