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Moraux et Politiques

Cette constitution de l’esprit humain, qui paroît d’abord une chose bien frivole, a été la cause de tous les schismes & de toutes les guerres religieuses. Cependant quoiqu’elle regarde tous les hommes, & que son influence soit universelle, on ne lui a pas vu produire les mêmes effets dans tous les tems, & chez toutes les sectes : il falloit que des circonstances accidentelles s’y joignirent pour en faire naître de si grands excès, & pour faire devenir ce principe de notre nature une source seconde en misere & en désolation.

La plupart des religions de l’ancien monde naquirent dans ces siecles ténébreux, où les esprits étoient plongés dans l’ignorance & dans la barbarie ; où le prince étoit aussi disposé que le dernier de ses sujets à recevoir, avec une foi implicite, toutes les factions pieuses qu’on vouloit lui débiter. Le magistrat, embrassant la religion du peuple, se chargeoit cordialement de l’administration des choses sacrées, & le pouvoir ecclésiastique étoit réuni au pouvoir civil. La religion chrétienne au contraire s’éleva dans un