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Moraux et Politiques

pénales à changer de couleur, où qu’en cas de refus ils les aient menacés de l’inquisition. Mais sommes-nous plus les maîtres de changer nos opinions, que le sont les Maures de changer leur teint. ; Non. Que produira donc la crainte & la violence dans ces deux cas ? Les uns farderont leur peau, & les autres leurs sentimens.

Les factions réelles sont de trois sortes ; c’est toujours ou l’intérêt, ou des principes, ou l’affection qui les fait naître. Celles qui naissent de l’intérêt, me paroissent les plus raisonnables & les plus pardonnables. Lorsque dans un état où tout n’est pas exactement ajusté & balancé, deux ordres de citoyens, par exemple la noblesse & le peuple, ont chacun sa part au gouvernement, il est naturel que la diversité d’intérêts cause des divisions : on n’en sauroit douter, si l’on considere jusqu’à quel point l’amour-propre est enraciné dans le cœur humain, & combien nous nous intéressons tous pour nos propres individus. Le législateur qui trouveroit le secret de prévenir de pareilles factions, seroit assurément un bien habile homme : & au