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Moraux et Politiques

bleroit-il pas que le reste de la république, qui n’y prenoit aucune part, devroit avoir bientôt étouffé ces folles animosités ? Puisque cela n’est point arrivé, j’en conclus qu’il faut que les hommes se plaisent fort aux querelles & aux divisons.

Rien n’est plus commun que de voir des partis nés d’une différence réelle continuer, lors même que cette différence ne subsiste plus. Les hommes prennent toujours en affection les personnes dont ils embrassent le parti, & en haine celles qui constituent le parti opposé ; & ces passions se transmettent souvent à la postérité. Le sujet réel qui avoit divisé les deux maisons Italiennes connues. sous le nom des Guelphes & des Gibelins, n’existoit plus depuis long-tems, lorsque ces deux factions existerent encore.

La premiere s’étoit déclarée pour le pape, la seconde pour l’empereur. Cependant, lorsque la famille de Sforza, s’étant alliée avec l’empereur, quoiqu’elle fût Guelphe, fut chassée de Milan par Louis XII. roi de France, assisté de Jacomo Trivulzio & des