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Essais
manifestât dans les suffrages[1]. Ce qu’il y a de plus singulier c’est que pendant un si long tems elle ne se répandit point, n’entraîna aucune des autres tribus. Lorsqu’un état entier se partage en deux sa factions égales, il n’est pas étonnant de les voir durer ; les bienfaits & les injures, les sympathies & les antipathies leur fournissent tous les jours de nouveaux alimens. Mais ici la dissension ne regne qu’entre deux tribus, & ne sem-
- ↑ Comme ce fait paroît avoir échappé à l’attention de
la plupart des politiques & des antiquaires, je le placerai ici
dans les propres paroles de l’historien romain. Populus Tusculanus
cum conjugibus ac liberis Romam venit, en multitudo
veste mutatâ, & specie reorum tribus circuit, genibus se omnium
advolvens. Plus itaque misericordia ad pænæ veniam
impetrandam, quàm causa ad crimen purgandum valuit. Tribus
omnes, præter Polliam, antiquarum legem. Polliæ sententia
fuit, puberes virberatos necari, liberos conjugesque sub
coronâ lege belli venire. Memoriamque ejus iræ Tusculanis in
pœnâ tam atroci auctores mansisse ad patris ætatem constat :
nec quemquam ferè ex Polliâ tribu candidatum papiriam ferre
solitam. Tit. Liv. Lib. VIII.
À Venise il y a deux factions plébéiennes, les Cartelani & les Nicolotti, qui se battent souvent à coups de poing, & après s’être bien battus, finissent leurs querelles, & se reposent pour quelque tems.