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Moraux et Politiques

les chefs de factions méritent d’être haïs & détestés. Les factions produisent des effets directement contraires au but que le législateur se propose : elles bouleversent l’état, font taire les loix, suscitent les animosités les plus cruelles parmi des concitoyens qui se doivent mutuellement du secours & de la protection. Ce qui devroit rendre plus odieux encore les auteurs des factions, c’est la grande difficulté qu’il y a à les extirper, lorsqu’une fois elles ont pris racine. On les retrouve encore au bout de plusieurs siecles ; & pour l’ordinaire elles ne finissent qu’avec l’état où elles se sont glissées, & dont elles sont le germe destructeur. Remarquons encore que c’est dans les terroirs les plus fertiles que ce germe pousse le plus abondamment : quoique les gouvernemens despotiques ne soient pas tout-à-fait exempts de factions, il faut avouer pourtant qu’elles naissent plus facilement & se répandent plus vite dans les pays de liberté, & c’est-là que leurs suites sont les plus funestes : infectant toujours le systême de la législation, elles