Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 6, 1788.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
Essais

sortes de biens que leur paisible possession qui fait le bonheur de l’homme, cet avantage est le fruit d’un gouvernement bien regle. Enfin, ni les préceptes les plus rafinés de la philosophie, ni les commandement les plus severes de la religion, ne sauroient répandre la vertu & les bonnes mœurs, sans lesquelles aucune société ne peut être heureuse. Tout dépend d’une éducation bien dirigée de la jeunesse & celle-ci à son tour dépend de la sagesse des lois & des fondations. Je dois donc ici prendre la liberté de m’écarter du sentiment de mylord Bacon : le partage, que l’antiquité a fait des honneurs, ne me paroît pas trop équitable. N’étoit-il pas injuste d’ériger en divinités de premier ordre les inventeurs des arts utiles, une Cérès, un Bacchus, un Esculape, tandis, que des législateurs tels que Romulus & Thésée demeuroient confondus dans la classe des demi-dieux ?

Mais autant que les fondateurs des loix & des états sont dignes d’être honorés & respectés, autant les fondateurs de sectes &