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Moraux et Politiques

d’abdiquer son pouvoir pour rendre la liberté à sa patrie. Nous en avons vu un exemple, propre à nous convaincre de cette vérité. Il faudroit donc abandonner notre sort au cours naturel des événemens ; & en ce cas la chambre des communes, telle que nous la voyons aujourd’hui, seroit chargée de la législation & des soins de l’état. Mais ici se présentent des inconvéniens par milliers. Supposons, ce qui est peu probable, que cette chambre vienne à se congédier elle-même, chaque nouvelle élection allumera le flambeau de la guerre civile. Si la chambre se proroge sans jamais se dissoudre, nous éprouverons toutes les horreurs d’une faction subdivisée à l’infini. Un état aussi violent ne peut durer : après des troubles & des guerres intestines sans nombre, nous serons trop heureux de pouvoir nous sauver dans les bras de la monarchie ; & n’auroit-il pas mieux valu d’y avoir acquiescé dès le commencement ? Je conclus de-là que la monarchie absolue est la mort la plus douce, la vraie luthanafia de la constitution Britannique.