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Essais

on peint demander quel est celui qui conviendroit le mieux à notre constitution ? Faudra-t-il souhaiter de la voir se résoudre en démocratie, ou en monarchie absolue ? Quoique la liberté soit pour l’ordinaire infiniment préférable à l’esclavage, je dirai pourtant avec franchise que j’aimerois mieux voir un souverain absolu sur le trône, que de voir l’Angleterre convertie en république.

Quelle sorte de république pourrions-nous espérer ? Il ne s’agit pas ici d’un de ces plans imaginaires que les spéculateurs enfantent dans leurs cabinets. Il n’y a point de doute qu’on ne puisse imaginer une république plus parfaite que ne l’est la monarchie absolue, plus parfaite même que ne l’est notre constitution ; mais avons-nous lieu de croire que cet état puisse jamais s’établir sur les ruines de notre gouvernement ? Si, dans une pareille conjoncture, il se trouve parmi nous un particulier assez puissant peut ramasser les débris de notre constitution, & pour en former, une nouvelle, ce particulier sera en effet un monarque absolu, & il n’aura garde