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Moraux et Politiques

produisent les revenus & le travail du royaume. Si nous y ajoutons, d’un côté, les besoins de luxe, qui augmente continuellement, & la corruption de nos mœurs ; de l’autre, la puissance & les prérogatives du roi, avec les nombreuses armées qu’il commande en chef, il n’y a personne qui puisse se promettre une longue durée de notre liberté. Sans les efforts les plus extraordinaires, il est impossible qu’elle ne succombe à tant de circonstances qui tendent à sa destruction.

Ceux qui soutiennent que nous tendons à devenir république, se fondent sur des argumens qui ne sont gueres moins plausibles. Ils diront que les biens immenses du souverain, la dignité de premier magistrat, & toutes les autres prérogatives dont les loix lui accordent la jouissance, & qui naturellement semblent devoir augmenter sa puissance, la rendent en effet moins pernicieuse à la liberté. Si l’Angleterre étoit une république, on auroit raison de concevoir de l’ombrage d’un particulier qui n’auroit que le tiers ou même que la dixième partie des revenus dont la couronne dispose : ce par-