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Moraux et Politiques

titude. Mais le sujet que nous traitons a une difficulté de plus, & une difficulté propre à embarrasser les personnes les plus judicieuses & les plus impartiales. Le pouvoir de la couronne réside toujours dans un individu, dans le roi, ou dans son ministre ; & comme cet individu peut avoir plus ou moins d’ambition, de capacité, de courage, d’affabilité, de richesses, le même degré de pouvoir, qui seroit trop grand entre les mains de l’un, peut être trop petit dans celles de l’autre. Dans les républiques parfaites, où l’autorité est répartie sur différens corps, on peut poser des barrières plus exactes, & l’on peut compter avec plus de sûreté sur les effets. On ne se trompe gueres. en supposant que les membres de ces nombreuses assemblées font toujours à-peu-près les mêmes pour la vertu & pour la capacité. Il n’y a que leur nombre, leurs richesses & leur autorité qui entrent en considération. Il en est autrement d’une monarchie environnée de limites : on ne sauroit déterminer le degré, précis de la puissance royale, qu’il faut pour balancer exactement les autres parties de la constitution ; ce degré change selon