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Moraux et Politiques

nous trouvons que par une répartition habile tous ces intérêts particuliers tendent ensemble à l’intérêt public, nous pouvons hardiment prononcer que c’est-là un gouvernement sage & un état heureux. Si au contraire les intérêts particuliers de chaque classe demeurent particuliers, & ne se rapportent pas au bien commun, n’attendons que factions, désordres & tyrannie. Je ne dis rien ici que l’expérience ne prouve, & que l’autorité de tous les philosophes & de tous les politiques, tant anciens que modernes, ne confirme.

N’eût-il donc pas paru surprenant à des génies tels que Cicéron ou Tacite, d’entendre dire que dans les siecles futurs, il naîtroit un systême mixte très-régulier, où un des départemens pourroit, quand bon lui sembleroit, absorber tous les autres & s’approprier tout le pouvoir de la constitution ? Ils auroient nié sans-doute qu’un pareil gouvernement pût être un gouvernement mixte. L’ambition des hommes, eussent-ils dit, n’a point de terme, aucun degré de puissance ne peut la satisfaire. Aussi-tôt qu’une des