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Moraux et Politiques

des esprits, chaque parti nous en donnera une à sa maniere.

Les raisonneurs opposés à la cour nous diront que leur parti étant fondé sur l’amour du bien public & sur un zele vif pour le maintien de la constitution, il est de sa nature d’être révolté de tout dogme qui tend au préjudice de la liberté. Les courtisans répondront par un conte qu’on trouve dans les ouvrages de Lord Shaftsbury[1]. «Un jour, dit cet excellent écrivain, un païsan prit la fantaisie de vouloir entendre les disputes latines des Docteurs de l’Université. On lui demanda quel plaisir il pouvoit prendre à des combats où il lui étoit impossible de distinguer le vainqueur du vaincu : oh, repliqua-t-il, je ne suis pas si sot pour ne pas remarquer lequel des deux se met le premier en colere. La simple nature apprit à ce païsan que celui qui avoit la raison de son côté, devoit être tranquille & de bonne humeur, tandis

  1. Miscellaneous, réflexions, p. 107.