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Essais

histoire de Florence. Ce n’est que parlant en politique, & dans des raisonnemens généraux qu’il considere l’empoisonnement, l’assassinat, & le parjure comme des actions que le pouvoir souverain rend légitimes. Mais voyez-le dans les narrations particulieres où il parle en historien, il y montre une si vive indignation contre le vice & un zele si ardent pour la vertu, qu’on ne sauroit s’empêcher de lui appliquer le passage d’Horace[1] : on a beau chasser la nature, elle revient toujours.

Pour trouver la raison de ce concours des historiens en faveur de la vertu, il n’y a qu’à considérer qu’un homme impliqué dans la vie active se sent toujours plus disposé à juger des autres sur les diverses relations qu’ils ont avec lui, que sur ce qu’ils sont effectivement : c’est pourquoi son jugement peut aisément être séduit & troublé par la violence de ses passions. D’un autre côté, lorsque le philosophe contemple

  1. Naturam expellas furcâ, tamen usque recurrit…