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de Morale.

jamais on n’eût pu imaginer de faire de ces qualités une vertu[1].

L’infidélité de cette espece est beaucoup plus pernicieuse dans les femmes que dans les hommes, & voilà pourquoi les loix de la chasteté sont plus séveres pour un sexe que pour l’autre[2].

  1. La raison que Platon oppose aux objections que l’on pourroit faire contre la communauté des femmes, qu’il établit dans sa république imaginaire, se réduit à ce que : ce qui est utile est honnête, & que ce qui est inutile est honteux. V. Plato de Republ. lib. V. Cette maxime est indubitable lorsqu’il s’agit de l’utilité publique, c’est ce que Platon veut dire, Et en effet à quoi peuvent mener toutes les idées de chasteté & de pudeur ? nisi utile est quod facimus frustra est gloria, dit Phedre. Plutarque dit la même chose dans son traité de la pudeur vicieuse. Rien de ce qui est nuisible n’est louable. Les Stoïciens étoient aussi de ce sentiment : Voyez Sextus Empiricus, lib. III, cap. 20.
  2. Toutes ces loix ont pour premier objet la génération ; cependant les femmes qui ont passé l’âge de faire des enfans, n’en sont pas plus dispensées que celles qui sont dans la fleur de la jeunesse. Souvent des maximes générales sont étendues au-delà des bornes du principe qui y donne lieu, c’est au goût & au sentiment à décider. Si les vieilles femmes pouvoient renoncer à la chasteté, leur exemple deviendroit bientôt pernicieux pour les jeunes, qui seroient nécessairement portées à anticiper sur le tems qui leur devroit procurer