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de Morale.

SECTION IV.

De la Société politique.

Si chaque homme avoir assez de sagesse pour ne jamais perdre de vue le puissant motif qui doit l’engager à observer la justice & l’équité, & s’il avoit assez de force d’esprit pour ne chercher constamment que l’intérêt public & à venir, malgré la séduction des plaisirs & des avantages présens ; il n’y auroit jamais eu de gouvernement ni de société politique. Chaque homme en suivant la pente naturelle de la liberté auroit vécu dans une paix profonde & dans une parfaite harmonie avec tous les autres. Quel besoin auroit-on de loix positives dans un état où la justice naturellement observée mettroit à nos actions le frein nécessaire ? Pourquoi créer des magistrats lorsqu’il ne s’éleveroit aucun désordre & qu’il ne se commettroit aucune injustice ? Pourquoi donneroit-on des entraves à la liberté que nous apportons