Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 5, 1788.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
de Morale.

Ces réflexions ne doivent point affaiblir les obligations que la justice nous impose,

    vient bientôt la partie essentielle de la promesse, & un homme n'est pas moins obligé de tenir ses engagements, quand il y auroit eu en secret des intentions tout à fait contraires, & qu'il eût refusé son consentement tacite : mais quoique la parole constitue en plusieurs occasions l'obligation de la promesse, cette regle n'est cependant pas sans exception ; un l'homme qui emploieroit une expression qu’il n'entend point, & dont il ne sent pas les conséquences, ne seroit engagé à rien par-là ; & même lorsqu'il en connoît le sens, mais qu'il ne s'en est servi que pour rire, & avec des marques qui indiquent évidemment qu'il n’a point une intention sérieuse de sa lire, il ne pourroit être tenu à exécuter ce qu'il a promis ; car il faut que les paroles soit une expression précise de la volonté, & que cet expression ne soit point accompagnée de signes qui marquent le contraire. Cependant il ne faut pas non plus imaginer qu'un homme dont, d'après de certains signes, notre sagacité nous fait soupçonner la bonne foi, ne soit point tenu par sa promesse verbale ou par sa parole, lorsque nous l'avons acceptée ; il faut restreindre les cas d'exceptions à des signes d'une autre espèce que ceux de la fourberie. Il est aisé de rendre raison de toutes ses contradictions si l'on veut se souvenir que la justice n'a pour but que l'utilité de la société, il seroit impossible de les appliquer dans aucun autre système. On peut remarquer que les décisions de morale des Jésuites & des autres casuistes relâchés, sont fondées sur des distinctions & des subtilités de cette espèce qui, si nous nous en rapportons à Bayle, viennent moins de la corruption du