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de Morale.

veu de toute le monde tendent immédiatement à la possession de leur objet & précedent la jouissance de nos sens. Ainsi l’objet de la faim & de la soif est de manger & de boire. Ces appétits primitifs satisfaits, il en résultera un plaisir qui pourra devenir l’objet d’une autre espece de desirs secondaires & intéressés. De même il y a des passions de l’ame, qui, avant toute idée d’intérêt, nous portent à rechercher des objets particuliers tels que la réputation, le pouvoir, la vengeance ; & lorsqu’on les a obtenus, il en résulte une jouissance agréable qui est une suite de l’accomplissement de nos desirs. Suivant la constitution intérieure de notre ame, il existe en nous un penchant naturel à la réputation qui agit avant que nous en ayions recueilli aucun plaisir, & avant que nous puissions la rechercher par des motifs d’amour-propre ou par le desir du bonheur. Si je n’ai point de vanité, je ne trouverai point de plaisir dans la louange : si je suis dégagé d’ambition, le pouvoir ne sera pas une jouissance pour moi : si je n’ai point de