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de Morale.

des hommes & sont une source principale de blâme universel qui accompagne l’injustice. Suivant les loix de la société mon habit, mon cheval m’appartiennent : j’en dois avoir pour toujours la possession, je compte en jouir tranquillement, si vous osez me les ravir vous frustrez mon attente, & par-là vous me déplaisez doublement & vous offensez encore ceux qui sont témoins de tort que vous me faites. C’est un attentat contre le public que de violer ainsi les loix de l’équité, c’est offenser chaque individu que de faire injustice à un seul ; & quoique la seconde de ces considérations ne tire sa force que de la premiere qui doit lui être antérieure, puisque sans elle la dis-

    & les regles qui assignent des objets particuliers à des personnes particulieres ; la premiere de ces nécessités est forte, naturelle & invincible, la derniere peut dépendre d’une utilité publique, plus frivole & plus légère, du sentiment de l’humanité particuliere, de la répugnance qu’on a à faire tort à un particulier, de loix positives, d’exemples antérieurs, d’analogies & de liaisons, ou d’un tour délié de l’imagination.