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Essais

& qu’on ne pourra réduire les différens mouvemens de l’ame à des principes plus simples & plus uniformes. Il n’en est pas de cette espece de philosophie comme de la physique. Dans cette science, il y a beaucoup d’hypotheses qui, quoiqu’elles paroissoient contraires aux premieres apparences, se sont ensuite trouvées solides & vraies après un examen plus exact, nous en avons tant d’exemples, qu’un philosophe[1] ingénieux n’a pas fait difficulté de dire que quand il y a plus d’une maniere de produire un phénomene, on doit présumer qu’il est dû à des causes qui sont les moins ordinaires, & qui se présentent le moins fréquemment à nos yeux. Mais dans toutes les recherches sur l’origine de nos passions & des opérations de l’ame, la présomption est pour l’autre méthode ; la cause la plus simple, & qui se présente le plus naturellement pour expliquer un phénomene, est probablement la plus vraie. Lorsqu’un philosophe, pour établir son systême, est obligé d’avoir recours

  1. M. de Fontenelle.