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de Morale.

l’ame. Il ne renferme ni le systême réfléchi, ni les conséquences qui résultent du concours de l’imitation ou de l’exemple des autres. Un pere ou une mere volent au secours de leur enfant, alors ils sont transportés par la sympathie qui les anime. Cette pitié innée ne leur laisse pas le temps de réfléchir aux sentimens ou à la conduite du reste des hommes en pareille circonstance. Un homme généreux saisit avec joie l’occasion de servir son ami, parce qu’alors il se sent lui-même déterminé par un vif sentiment de bonté qui le domine ; il ne se soucie point d’examiner s’il y eût jamais dans l’univers une personne animée d’un si noble motif ou s’il s’en trouvera par la suite qui en éprouve l’influence. Dans toutes ces occasions les passions sociales n’ont en vue qu’un seul objet individuel, & ne s’occupent que de la sûreté & du bonheur de la personne qu’on aime ou qu’on estime ; cela suffit, & comme le bien qui résulte de la puissance favorable de ces affections est parfait & entier, il excite de même le sentiment moral de l’approbation, sans réflexion sur les con-