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Essais

au fond les plus grandes dupes, & qu’ils ont sacrifié le bonheur de jouir, du moins au dedans d’eux-mêmes, du plaisir d’être vertueux, pour acquérir des bagatelles de nulle valeur. Qu’il faut peu de chose pour satisfaire aux besoins de la nature ! Quelle comparaison y a-t-il entre les plaisirs de la société, de la conversation, de l’étude, de la santé même & des biens ordinaires de la nature, que l’on n’achete point à prix d’argent, & par dessus tout cela, de la satisfaction que donne le souvenir voluptueux de la bonne conduite ; quelle comparaison, dis-je, y a-t-il entre ces choses & les vains amusemens que procurent le luxe & la depense ? En vérité ces plaisirs naturels n’ont point de prix, pour deux raisons. Ils ne coûtent rien à acquérir & leur jouissance est au-dessus de tous les trésors.