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de Morale.

contribuent au bien commun de l’humanité. Quelque difficulté qu’il y ait à concevoir qu’une chose puisse être approuvée, parce qu’elle a pour fin un objet déterminé, mais totalement indifférent de lui-même ; passons par-dessus cette absurdité, & voyons quelles en seront les conséquences. La définition que nous avons donnée de la vertu, sera toujours la même ; il faudra toujours avouer que toute qualité de l’esprit, qui sera utile ou agréable à la personne qui la possede ou aux autres, causera du plaisir à ceux qui en seront témoins, attirera leur estime, recevra d’eux le nom de vertu ou de mérite. N’estime-t-on pas la justice, la fidélité, la droiture, l’honneur, la chasteté, &c. uniquement parce que ces qualités ont pour but le bien de la société ? N’est-ce pas-là où tendent l’humanité, la bienveillance, la douceur, la générosité, la reconnoissance, la modération, la tendresse, l’amitié & les autres vertus sociales ? Peut-on douter que l’industrie, la discrétion, la frugalité, l’ordre, la persévérance, la prévoyance, le jugement & une infinité d’autres qualités dont l’énu-