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de Morale.

sont autant de sensations delicieuses par elles-mêmes, & qu’elles doivent nécessairement se communiquer à ceux qui en sont témoins, & les disposer à en éprouver de pareilles. Les larmes nous viennent aux yeux lorsque nous éprouvons des émotions de cette espece, notre cœur palpite, tous les organes sensibles sont affectés, & nous sentons la joie la plus douce & la plus pure.

Les poëtes, en nous parlant des champs Elysées, dont les heureux habitans n’ont aucun besoin de secours mutuels, ne laissent pas de nous les représenter dans un commerce perpétuel d’amour & d’amitié ; ils séduisent ainsi notre imagination par la peinture de ces passions douces & agréables. Par la même raison l’idée de la tranquillité nous enchante dans la pastorale, comme nous l’avons observé plus haut.

Quel est l’homme qui voulût vivre au milieu de disputes & de querelles éternelles ? la rudesse de ces sentimens nous trouble & nous déplaît, nous en souffrons par contagion & par sympathie, & nous n’y pouvons rester indifférens, quand même