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Essais

Une peinture agréable de la situation de son esprit, lorsqu’il dit,

J’aime la vertu sans rudesse ;
J’aime le plaisir sans mollesse ;
J’aime la vie, & n’en craint point la fin.

On est toujours singulièrement frappé à la vue d’un exemple éclatant de grandeur d’ame, de dignité dans le caractère, de noblesse dans les sentiments, de mépris pour l’esclavage, & de cette fierté qui naît dans une belle ame de la conscience de ses vertus. Longin dit que le sublime n’est souvent que l’écho ou l’image de la grandeur d’ame[1]. & quand un homme possede cette qualité, son silence même peut exciter notre admiration & ravir nos applaudissements. Voilà l’effet du fameux silence d’Ajax dans l’Odyssée, Qui exprime beaucoup mieux un noble dédain & l’indignation profonde d’un grand courage, que n’auroit fait l’éloquence la plus recherchée.

  1. Traité du sublime, chap. 9.