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de Morale.

morale un principe actif, en attachant notre bonheur à la vertu, & notre malheur au vice ; que cet arrêt, dis-je, dépend d’un sentiment intérieur que la nature a donné à tous les hommes. Quel autre pouvoir pourroit produire un effet de cette espece ? Mais pour préparer les hommes à un tel sentiment, & pour leur faire distinguer quel en est le véritable objet, nous voyons qu’il est souvent besoin de le faire précéder d’un grand nombre de raisonnemens, d’établir des distinctions très-déliées, & tirer des conséquences précises, de former des comparaisons éloignées, d’examiner des relations exactes, de constater & de fixer des faits généraux. Il y a des beautés, sur-tout celles de la nature, qui du premier coup d’œil captivent nos affections & s’attirent nos suffrages ; lorsqu’elles ne produisent point cet effet, il est impossible au raisonnement de remédier à ce défaut d’influence, & de les rendre plus propres à flatter notre goût, ou à exciter nos sentimens. Mais il est d’autres beautés, & de ce genre sont celles des beaux arts, qui pour être senties demandent une longue suite