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de Morale.

ner. Le tems, quand il est bien économisé, est semblable à un champ bien cultivé, dont quelques arpens produisent plus de choses utiles à la vie que des provinces entieres d’un terrein très-fertile mais négligé & couvert de ronces & de mauvaises herbes.

On ne peut se promettre une fortune solide, ni se flatter d’une subsistance honnête, quand on ne connoît point la frugalité. Les richesses au-lieu d’augmenter diminuent tous les jours, & le possesseur n’en est que plus malheureux : car n’ayant pu borner ses dépenses lorsqu’il jouissoit d’un revenu considérable, il lui sera bien moins possible de se contenter d’une fortune plus modique ; suivant Platon les ames de ceux qui ont été dominés par des désirs impurs & déshonnêtes, après avoir été séparées de leurs corps qui leur fournit soient les moyens de se satisfaire, restent errantes sur la terre près des endroits où leurs corps sont ensevelis, elles désirent de se rejoindre aux organes qui leur ont procuré ces sensations qu’elles regrettent. C’est ainsi que nous voyons les prodigues, après avoir dépensé leur fortune en débauches extravagan-