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de Morale.

rêt, ou que les personnes intéressées ne le touchent point, il ne laissera pas de faire un choix, de distinguer ce qui est utile de ce qui est nuisible. Mais cette distinction est précisément la même que la distinction morale dont on a si souvent & si inutilement cherché l’origine. Les mêmes qualités de l’esprit excitent & nos sentimens moraux & ceux de l’humanité ; le même homme est susceptible d’éprouver fortement & les uns & les autres ; & lorsque leur objet change, qu’il se rapproche de nous & qu’il se lie à nos intérêts, nos sentimens en reçoivent seulement plus de force & de vivacité. Ainsi, suivant toutes les regles de la philosophie, nous sommes obligés de conclure que ces deux sortes de sentimens sont les mêmes dans leur principe, puisque dans chaque circonstance, même la plus légère, ils suivent les mêmes loix, & sont excités par les mêmes objets.

Pourquoi les physiciens concluent-ils avec la plus grande vraisemblance que la lune est retenue dans son orbite par la même force de gravitation, qui fait que les corps tombent