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de Morale.

relles avec lui ? il est certain que nous avons égard au bonheur & au malheur des autres lorsque nous pesons les motifs de nos actions, & nous penchons vers le premier aussi souvent qu’il n’y a point de motif personnel, qui nous porte à chercher notre avantage dans le malheur de nos semblables. Si dans plusieurs occasions les principes de l’humanité sont capables d’influer sur nos actions, il faut qu’en tout tems ils ayent assez de pouvoir sur nos sentimens, pour nous faire approuver en général ce qui est utile à la société & blâmer ce qui lui est pernicieux. On peut disputer sur le plus ou le moins de force de ces sentimens, mais leur existence & leur réalité doit être admise dans tout systême.

Un homme absolument méchant, s’il en existe dans la nature, doit être plus qu’indifférent aux peintures qu’on lui fait du vice & de la vertu. Tous ses sentimens doivent être renversés & entiérement opposés à ceux des autres hommes, tout ce qui contribue au bien de l’humanité se trouvant contraire à ses désirs doit exciter en lui du déplaisir,