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de Morale.

qu’il s’en présente un si naturel & si clair[1] ?

Trouvons-nous de la difficulté à concevoir la force de l’humanité & de la bienveillance, ou bien à comprendre que la vue seule du bonheur, de la joie, de la prospérité, est propre à donner du plaisir, & que la vue de la douleur & de l’infortune nous fait une impression désagréable ?

  1. Il est inutile de pousser nos recherches jusqu’à examiner pourquoi nous avons de l’humanité ou de la compassion pour les autres, il suffit que l’expérience prouve que c’est un sentiment de la nature humaine. Il est un point où il faut s’arrêter dans la recherche des causes, & dans chaque science il y a des principes au-delà desquels on n’en trouve point de plus généraux. Il n’y a point d’homme qui soit entiérement indifférent au bonheur ou à l’infortune des autres, l’un nous donne de la joie, l’autre nous cause du déplaisir : & tout homme éprouve ces sentimens en lui-même. Il est difficile d’imaginer que ces principes puissent être réduits en principes plus simples & plus universels quelque peine qu’on se donne pour y parvenir, & quand la chose seroit possible, cela ne seroit rien à notre sujet. Nous pouvons en sûreté regarder ces principes comme fondamentaux, & nous serons bien contens si nous pouvons exposer clairement les conséquences qui en découlent.