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Essais

que modernes, que toutes les distinctions morales venoient de l’éducation ; qu’elles ont été inventées d’abord, ensuite appuyées par la politique, afin de rendre les les hommes plus traitables, de dompter leur férocité naturelle, & leur amour-propre qui les rendoit peu propres à la société. Il faut convenir que les préceptes & l’éducation peuvent avoir sur nous assez d’influence pour augmenter ou pour diminuer les sentimens d’approbation ou d’aversion pour un objet ; & même dans de certains cas ils peuvent donner naissance à un nouveau sentiment de ce genre ; cela se voit évidemment dans toutes les pratiques superstitieuses mais tout homme sensé qui fera des recherches sur la morale, ne pourra jamais accorder que toute approbation ou aversion morale vienne de cette source. Si la nature n’eût point fait des distinctions réelles de cette espece fondées sur la constitution de notre ame, les mots d’honorable & d’infame, d’aimable & d’odieux, de grand & de méprisable, n’auroient jamais été introduits dans aucune langue ; & les politiques au-