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sur la Tragédie.

sur la mort du roi, sans en toucher la moindre circonstance : cette scene lui paroît trop affreuse pour pouvoir être goûtée dans la description ; & même pour pouvoir être rappellée sans causer de l’aversion & de la douleur. C’est que lui même, & ceux qui pouvoient le lire de son tems, avoient trop de part à ces événemens pour s’en ressouvenir sans peine & sans répugnance ; au lieu que dans d’autres tems & l’historien & lecteur regarderoient cette époque de l’histoire d’Angleterre comme la plus intéressante, & par conséquent comme la plus agréable.

L’action qui fait le sujet d’une tragédie peut être trop sanglante & trop atroce ; elle peut inspirer une belle horreur qu’il ne sera plus possible de la transformer en un sentiment agréable : alors la force de la diction, & la vivacité du coloris ne servent qu’à augmenter le désagrément : on en voit l’exemple dans un de nos drames qui a pour titre la Belle Mere ambitieuse ; Un vénérable vieillard, dans un accès violent de fureur & de désespoir se brise la tête contre une colonne, & la souille