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sur la Tragédie.

images fortes, les expressions énergiques, un discours bien cadencé, une belle imitation, chacune de ces choses a son agrément propre : lorsque tous ces agrémens se réunissent dans un objet qui tient à quelque passion subordonnée, ils l’absorbent, la forcent à changer de nature & à grossir la somme totale du plaisir. Cette passion seroit peut-être douloureuse si elle naissoit toute seule mais ici les charmes des beaux arts en ont émoussé la pointe ; ce n’est plus que mollesse, douceur, volupté.

Pour mieux s’en convaincre on n’a qu’à remarquer les cas où le mouvement des passions domine sur celui de l’imagination ; on verra qu’il arrive précisement le contraire : le second de ses mouvemens, étant alors subordonné au premier, se change en sa nature, & concourt à augmenter la peine & l’affliction que celui-ci a fait naître.

Croiroit-on que ce fût Un bon moyen de consoler un pere affligé de la mort d’un fils tendrement chéri, que de lui exagérer, avec beaucoup d’éloquence, la grandeur de sa