Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 4, 1788.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
Dissertation

«diminuer la douleur de voir souffrir quelqu’un que l’on aime, pour réduire cette douleur au degré où elle commence à se changer en plaisir. On pleure les malheurs d’un héros à qui l’on s’est affectionné, & dans le même moment on s’en console, parce qu’on sait que c’est une fiction ; & c’est justement de ce mélange de sentimens que se compose une douleur agréable, & des larmes qui sont plaisir. De plus, comme cette affliction qui est causée par l’impression des objets sensibles & extérieurs est plus forte que la consolation qui ne part que d’une réflexion intérieure, ce sont les effets & les marques de la douleur qui doivent dominer dans ce composé.»[1].

Cette solution paroît juste & convaincante, & avec tout cela il lui manque peut-être encore quelque chose pour épuiser le phénomene. Les passions que l’éloquence excite, tout comme celles qui naissent de la peinture & de la représentation théâtrale, ont un agré-

  1. Réflexions sur la poétique §. XXXVI.