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DISSERTATION

SUR LA

TRAGÉDIE.

Il semble d’abord qu’il soit impossible de rendre raison du plaisir que goûtent les spectateurs d’une belle tragédie : ce plaisir nait de passions qui en elles mêmes sont désagréables, de la tristesse, de l’angoisse de la terreur : plus nous sommes touchés, plus nous sommes émus ; plus le spectacle nous enchante, & aussi tôt que ces passions cessent de nous agiter, la piece est finie. Dans le genre tragique on ne souffre, tout au plus, qu’une scene ou regne la joie pure ; encore faut-il que ce soit la derniere : s’il y en a d’autres qui offrent une foibie lueur de plaisir, elles ne sont-là que pour augmenter la douleur