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sur les Passions.

peu, & dont la mémoire est récente, fait plus d’impression sur la volonté qu’un plaisir dont les traces sont presque effacées de notre souvenir.

Les plaisirs assortissans à notre façon de vivre se font desirer d’avantage que ceux qui sont étrangers à notre plan de vie. Rien n’est plus propre à émouvoir les passions que cette éloquence qui peint les objets de fortes & de vives couleurs. L’opinion d’autrui, si elle est soutenue de quelque passion, a un grand pouvoir sur notre esprit : elle fait que nous nous laissons dominer par une idée à laquelle sans cela nous n’aurions peut-être pas fait attention.

Il est à remarquer que les passions sont d’autant plus vives que l’imagination est plus enflammée. À cet égard, comme à bien d’autres, la force des passions dépend pour le moins autant de notre tempérament que de la nature ou de la situation des objets.

Ce qui est éloigné de nous, soit en tems, soit en lieu, n’a pas tant d’efficace que ce qui est contigu, & dans la proximité.