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Réflexions.

succès excitent de l’aversion & du mépris ; cependant lorsque ces malheurs sont fort grands, ou nous sont représentés sous de vives couleurs, ils produisent la compassion, l’attendrissement, l’amitié ; comment concilier cette contradiction ? elle n’est qu’apparente ; la pauvreté & la misere, considérées en gros, nous font de la peine ; & cela vient d’une espece de sympathie imparfaite qu’elles nous font éprouver : cette peine se change en aversion ou en dégoût, parce que ces sentimens se ressemblent mais lorsque nous entrons d’avantage dans la situation des malheureux, lorsque nous commençons à leur souhaiter du bien, lorsque nous sentons le contre-coup de leur triste sort, ces dispositions se changent en amitié & en bienveillance, affections qui sont dirigées vers le même but.

7. Le respect est un mélange d’humilité & d’estime ou d’affection ; le mépris un mélange d’orgueil & d’aversion.

Le plaisir que cause la vue du beau, l’appétit sensuel, l’amitié ou l’affection, voilà les trois ingrédiens dont résulte l’amour,