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sur les Passions.

une personne qui nous est si étroitement unie ; la sympathie est parfaite ; cette personne est un objet immédiatement agréable, un objet aisé à concevoir ; il n’y a point de distance qui nous en sépare, nous pouvons nous y livrer sans réserve.

La parenté produit ici le même effet que l’habitude & la familiarité ont coutume de produire ; & cet effet résulte des mêmes causes : dans l’un & l’autre cas, la satisfaction & le plaisir que nous fait goûter le commerce de nos semblables, sont la source de l’amitié que nous prenons pour eux.

3. Les passions d’amour & de haine sont toujours suivies, ou plutôt accompagnées de bienveillance & d’aversion, & c’est par-là qu’elles différent de l’orgueil & de l’humilité : ces derniers mouvemens sont purs, ils n’excitent aucun desir, & ne nous portent point à l’action ; au-lieu que les premiers ne se renferment point en eux-mêmes, & qu’ils produisent toujours de nouvelles vues dans l’esprit : l’amour nous fait desirer le bonheur de l’objet aimé, & fait que l’idée de son malheur nous cause de la peine ; la haine,